Établie à Montréal depuis 1989, Dominique Porte développe son travail de chorégraphe en repoussant les limites de l'expression grâce à la musique du corps. Reconnue tout d’abord comme une interprète virtuose au sein de la Compagnie Marie Chouinard, les chorégraphes William Douglas, José Navas et Kim Itoh marqueront aussi son parcours. Imprégnée d’une approche organique, animale, sensorielle autant que d’un travail architectural dans la forme, c’est de son expérience d’interprète que naîtra sa propre identité chorégraphique. Fascinée par la nature et la condition humaine, Dominique Porte explore principalement, au fil de ses créations, les thèmes liés à la communication, au rapport à l'autre, à l'identité et à la perception des sens.
À propos
Depuis ces dix dernières années, en constatant qu’une manière de faire est révolue, elle questionne une certaine virtuosité acquise, pour laquelle en vieillissant elle n’a plus le même intérêt. En revenant à la forme solo avec JE, puis Hors JE, elle met en lumière des stratégies de création en direct, de fabrication de la danse qu’elle questionnent avec humour et autodérision : dans quelles mesures est-il possible de se réinventer ?
En considérant que se réinventer est aussi lié à qui l’on s’adresse, la chorégraphe va, pour la première fois, s’adresser au jeune public à travers la poésie de Jacques Prévert et les dessins de René Magritte en créant Conte de faits, en 2017. En 2019, Dominique Porte est récipiendaire de la bourse mi-carrière du Studio du Québec à Paris à la Cité internationale des arts où elle séjourne six mois. Parallèlement à sa carrière d’interprète et de chorégraphe, elle a un intérêt pour la pédagogie et le voyage. Chargée de cours au Département de danse de l’Université du Québec à Montréal depuis plus de 20 ans, elle a enseigné dans des écoles internationales telles que l’École supérieure de théâtre d’Helsinki ou à l’école Attakkalari Dance Diploma à Bangalore, en Inde.
« Ce qui m'intéresse, c'est de considérer que la première musique est celle du corps, du mouvement. Le mouvement est une pensée muette. C'est pourquoi le mouvement est une impulsion, un déclenchement physique qui dépasse la pensée et pense par elle-même. Mettre en présence une musique sur un mouvement est aussi révélateur de l'intériorité de l'interprète que révélateur de l'espace qui l'entoure en venant déranger ce lieu silencieux vibrant d'équilibre. Ce qui m'intéresse, c'est de jouer avec la suggestion et la perception des sens en considérant qu'aucune position, aucun mouvement n'est un équilibre statique. Aussi, il s'agit pour moi de jouer avec la précarité de ces moments éphémères et observer ce qui déclenche l'action, la part de contrôle que l'on possède ou non, face à la cohérence de nos impulsions à agir, semble-t-il, malgré nous. Aussi, comme dans la vie, notre présence, nos perceptions sont influencées par les rencontres, les circonstances et les lieux qui nous entourent, ce qui m'intéresse dans la présence et dans le mouvement, c'est qu'ils soient influencés par le temps, l'espace, la lumière, la rencontre et la musique. »